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Je l’interrompis violemment :

— Parbleu ! Tout à fait de votre avis ! C’est une blague, une sale blague. Pour qui me prend-on ?

Le poète Farigoulis risqua :

— Euh !… Après tout ce qu’on a déjà vu, rien n’est impossible.

Je le saisis par le col de son veston et, sans tenir compte de ses protestations, je me mis à le secouer brutalement.

— Alors, tu penses ?… Eh ! bien ! moi je veux bien… Soit… mettons qu’il s’agit réellement du Savant inconnu. Que faut-il faire ?… Publier ?

— Avec des réserves… Après tout, on ne sait jamais.



Je publiai. J’expliquai aux lecteurs que cette lettre comminatoire provenait, très probablement, d’un mauvais plaisant, mais qu’il ne fallait rien négliger… Le moindre indice était de nature à faciliter les recherches. Et si, d’ailleurs, on comptait éprouver mon courage, eh ! bien ! je ne demandais pas mieux que d’établir que j’étais un peu là !

Oserais-je l’écrire ? L’émotion que je pensais provoquer revêtit un caractère tout spécial. Ce fut très simplement une explosion de fou-rire. Les bons confrères s’en donnèrent à cœur joie. Des canards, qui affichaient des prétentions humoristiques, s’ingénièrent à pasticher la lettre. Des chansonniers qui opéraient dans les boîtes de nuit me criblèrent de traits