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Un autre type de cette bohème vermineuse et trempée dans l’alcool ? Bibi-la-Purée ! l’inoubliable Bibi-la-Purée ! L’ombre falote et crasseuse de Verlaine. Il faudrait lui consacrer des pages à celui-là, et le prendre avec des pincettes. Il aurait dû dégoûter à tout jamais les jeunes gens de cette existence insensée de chiens galeux cherchant leurs croûtes dans des tas d’ordures.

Mais, pour nous qui n’avions point connu Verlaine, c’était tout ce qui nous restait du poète de Sagesse, Bibi, l’affreux Bibi et l’Académie. Je veux parler de l’Académie de la rue Saint-Jacques où l’on dégustait la liqueur verte sur des tonneaux.

L’Académie de la rue Saint-Jacques, où le père d’Ubu prit son dernier pernod et où nombre de nos contemporains, parvenus à la notoriété, voire à la gloire, firent leurs premiers pas.

Les jeunes gens d’aujourd’hui ont bien de la chance. Ils dédaignent la Butte, la rue de Buci et la rue Saint-Jacques. Ils ne boivent plus le pernod que la guerre a supprimé. Ils ne perdent plus leur temps et le souvenir de Verlaine ne pèse pas trop sur leurs épaules… Mais ils connaissent en échange les parages de Montparno et les jouissances de la cocaïne.


II

Parmi les bars et les bistrots qui s’épanouissaient au Quartier Latin, hantés par des troupeaux de jeunes gens que l’on qualifiait d’intellectuels, d’artistes ou