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d’une de ses visites, il me demanda de lui confier un article plutôt violent que je venais de publier dans le journal La Révolution, de Pouget et Charles Malato. « Je suis tout à fait d’accord avec vous », me dit-il. En effet, deux jours après, il lisait et faisait applaudir ma prose antimilitariste, dans je ne sais plus quelle réunion royaliste, par un millier d’auditeurs. Je tiens ce détail de lui-même.

C’était le temps où Léon Daudet apparaissait dans les meetings populaires et se laissait acclamer en prenant la défense des syndicalistes. À la même époque, Pujo faisait savoir à l’affectionné Philippe que « les révolutionnaires lui étaient tout acquis ». Tu parles !

Mais attendez. Je redonne la parole à Pujo. Le 17 juin 1909, il conte à ses douairières comment il sortit de prison, sa peine terminée. Écoutez : « Dix heures sonnent : on vient nous chercher pour nous conduire à nos cellules. C’est le moment de nous dire adieu. Tous mes amis se pressent autour de moi et m’embrassent. Alors Delannoy me dit : « Embrassons-nous aussi ! »

« — Avec plaisir ! » Et, après lui, j’embrasse successivement Méric, Almereyda, Merle, Marchal. Lancé comme je le suis, je ne m’arrête pas et je passe aux terrassiers. L’un après l’autre, je les embrasse tous sur les deux joues et de tout mon cœur. »

Ne trouvez-vous pas que c’est touchant et que cet embrasseur furieux est vraiment épique ?