Page:Méric - À travers la jungle politique littéraire, 1930.djvu/60

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

syndicalistes condamnés pour leur participation à des manifestations de la rue, il en était quelques-uns qui ne se montraient pas insensibles à certaines avances.

Quand je dis avances, j’emploie le mot dans son double sens. Nous apprîmes, en effet, qu’un de ces prisonniers, déjà secouru par son syndicat, avait accepté de l’argent des royalistes. Almereyda était furieux. Il lava consciencieusement la tête à ce singulier militant et pria Pujo de ne plus se mêler des affaires des nôtres. Un autre — je suis certain que Gaucher ne me démentira pas — s’était mis à la disposition et au service du condamné enfin passé au régime politique. Il le massait, moyennant rétribution, au sortir de ses exercices sportifs, lui servait en quelque sorte de valet de chambre. Cependant, ces cas étaient rares. L’ensemble des révolutionnaires ouvriers continuait à chanter la Carmagnole.

*
* *

Mais quelques isolés plus ou moins conquis, dans les rangs, c’était peu de chose.

Ceux qu’il fallait « avoir », c’étaient les chefs, les militants connus et écoutés, journalistes, écrivains, orateurs.

On mit tout en œuvre pour cela. Ces messieurs qui proclament, depuis des années : « Tout ce qui est national est nôtre ! » ne dédaignaient point alors de s’intéresser à nos théories antimilitaristes. Ils déclaraient même les comprendre. Et Maurice Pujo, sous