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réclamions, en effet, — nous ne doutions de rien, — des enseignements de Clemenceau lui-même et Delannoy insistait : « J’ai représenté le général d’Amade comme M. Clemenceau à l’Aurore a permis qu’on représentât le général de Pellieux. »

Ce qui faisait dire à l’Éclair le lendemain : « Le jury a condamné, à la fois, et les élèves sur le banc des accusés, et les maîtres sur le banc des ministres. »

Et, comme conclusion à ces divertissements, une année de prison et trois mille francs d’amende à chacun de nous. Cela malgré un chef-d’œuvre de plaidoirie ou peut-être à cause de cela, de Marcel Sembat.

Voilà pourquoi, le 12 novembre 1908, ma valise à la main, je me présentai au guichet de la Santé.

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M’y voici revenu après un détour. Dès qu’on se met à inventorier les années envolées, les souvenirs se lèvent en masse. Des tas de fantômes vous assiègent et l’on se laisse aller sur leurs traces. Mais je ne dirai point, comme Virgile, Animus meminisse horret. Au contraire. C’est une joie et comme un réconfort que de se plonger dans ces vieilles histoires.

Il me reste à vous parler de la Santé, prison modèle, des luttes que nous dûmes y soutenir, des compagnons que nous y trouvâmes. Il me faudra vous parler aussi, et abondamment, de Clemenceau.

Et, de même, de ces messieurs les Camelots du Roi, nos codétenus. Nous allons entrevoir les chevaliers de la fleur de lis et les sympathiques douairières, cependant