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Alors, à la minute où le train s’ébranlait dans le vacarme, on vit Clemenceau apparaître à la portière de son compartiment et il eut un geste de menace pour la foule.

Les Varois se souviennent encore de cet homme à la face livide, aux yeux pleins de rage, qui tendait furieusement le poing.

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Et puis ?

Mon père, battu triomphalement (si je puis ainsi m’exprimer), rentra paisiblement dans le rang. Il avait représenté le Var pendant une douzaine d’années au Sénat, occupé les fonctions de rapporteur et de président de la Commission de la Marine, compté parmi les travailleurs et les compétences de la Haute Assemblée. Il redevint simple citoyen avec, pour tout potage, sa petite retraite de sénateur.

Le docteur Sigallas, compagnon d’infortune de mon père, fut dédommagé par Clemenceau qui le nomma directeur d’un asile d’aliénés du côté d’Avignon. Mais mon père, lui, ne réclamait rien. Un jour, sur des démarches du vieux Combes, le ministre Monis lui fit offrir une perception à Bordeaux. Mon père refusa. En vain, ses amis et Combes en tête insistèrent-ils. Ils se heurtèrent à son inflexibilité.

À propos du petit père Combes, et avant d’en finir avec cette triste histoire, il faut que je note le mot qu’il me dit un matin que j’étais allé l’interviewer, chez lui, rue Claude-Bernard. Nous causions