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directeur d’usines, concessionnaire du Mont-de-Piété de Monaco, directeur de Paris-Journal. Naturellement, il avait lâché Jaurès, la Petite République et le socialisme. La Révolution mène à tout, quand on sait s’en sortir.

Tel était le premier champion de Clemenceau.

L’autre, Laberdesque, avait moins d’envergure. Spadassin professionnel, il avait attiré l’attention sur lui par un duel féroce avec Max Régis, maire antisémite d’Alger, qui manqua devenir député de Paris et ne dut son échec qu’à l’intervention du vieux lutteur Jean Allemane, soutenu alors par Clemenceau, rédacteur en chef de L’Aurore. C’est drôle, hein, l’histoire, et ça vous ouvre des horizons !

Ce Laberdesque, dont on craignait l’épée, était, chose curieuse, fort dévoué à… Camille Pelletan. Au fond, sous ses aspects de Rodomont, un assez brave type. Un jour, il intervint, au cours d’une élection législative dans le quatorzième, contre le candidat radical que Pelletan, précisément, ne pouvait sentir. Ce candidat s’appelait Messimy, et il a fait parler de lui depuis. Laberdesque résolut, histoire d’être agréable à Camille, de lui chercher pouille.

Messimy était averti. Il savait à quel genre d’homme il avait affaire. N’empêche qu’un soir, dans une réunion électorale, alors que Laberdesque l’interrompait et l’injuriait grossièrement, le candidat bondit de la tribune, et v’lan ! il administra une paire de gifles à son insulteur.

Laberdesque se dressa, très calme et souriant. Il