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notre homme tâta du journalisme, avec le grand Lissagaray. Il se révéla polémiste ardent et vigoureux, un peu canaille et populacier ! C’était un terrible engueuleur. Un beau matin, il lança le Chambard, avec dessins de Steinlen, et se mit à décortiquer le président de la République, Casimir-Périer. Poursuivi, il fut défendu par Jaurès et condamné. Condamné, le peuple ouvrier en fit un député. Il était alors très populaire. Nul mieux que lui, peut-être, ne maniait l’invective et l’injure. Quelques duels heureux là-dessus, une force physique qui en imposait, un courage certain, et l’on comprendra que ce polémiste fût redouté.

Si l’on veut avoir une idée approximative des polémiques de Gérault-Richard et du ton qu’il leur donnait, il faut surtout parcourir la collection du Chambard. On y verra que Deschanel était qualifié de « cornichon bien conservé, malgré ses trente-cinq ans », que la République était traitée de « fille perdue, paillasse à malfaiteurs, chair à curés… ». Un autre jour, il écrivait sur Joseph Reinach : « S’il existait, sur la carte de France, des Alpes plus basses, il les représenterait au Parlement, car il est au-dessous de la bassesse. »

Député de Paris (XIIIe arrondissement), il devint rédacteur en chef de la Petite République et, bientôt, se lança à corps perdu dans l’affaire Dreyfus, ce qui demeure à son honneur. Mais, battu en 1898, il s’en alla chercher un siège au loin, avec l’appui du gouvernement. Et il devint Géau-Icha, représentant de la Guadeloupe. Après quoi, on vit cet ancien chambardeur