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étaient les mêmes qui devaient voter, à Draguignan, pour les futurs sénateurs.

D’autre part, le président du Conseil avait contre lui le seul journal important de la région, le Petit Var. Cet organe était dirigé par Jean Dutasta, fils de l’ancien maire de Toulon et frère de ce Dutasta qui servit Clemenceau et devait, pendant la guerre, trafiquer, en Suisse, sur le lait condensé qu’il fournissait à l’ennemi, cependant que son patron, aidé du triste Ignace et de l’élégant Jéroboam Mandel, pourchassait les défaitistes.

La situation paraissait donc mauvaise, très mauvaise pour le futur Perd-la-Victoire. Allait-il, comme autrefois, subir la sombre défaite, dans ce pays qu’il avait su reconquérir ? Il résolut de mettre tout en œuvre pour triompher de ses adversaires.

Maître du pouvoir, il possédait des moyens d’agir. Il fit entrer en jeu la police, la corruption et le chantage. Je n’exagère en rien. Une nuée de mouchards s’abattit sur le département, et le préfet, Raux, bien stylé, régla les opérations. Avec ce mépris formidable des hommes qui l’a toujours caractérisé, Clemenceau usait, avec les uns de la menace, avec les autres de promesses (qu’il ne devait, d’ailleurs, nullement tenir).

Cela dura plusieurs semaines, et cette admirable méthode devait porter ses fruits.

Elle aboutit, notamment, avec le maire de Toulon, le citoyen Escartefigue. Et cette délicieuse histoire vaut une parenthèse.