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se montrait plein de zèle, acceptait toutes les corvées, toutes les commissions. Par contre, Clemenceau ne lui refusait rien. Et cela se savait à Toulon. Quand on voulait obtenir quelque faveur, on allait trouver Reymonencq. Il hochait la tête, se faisait un peu prier, puis déclarait :

— C’est bien. Je vais aller trouver le patron.

Il n’arrivait jamais chez le patron les mains vides. Il apportait souvent, très souvent, des cigarettes, d’excellents cigares. Un jour qu’on demandait au président du Conseil :

— Ce Reymonencq… quel est donc son rôle auprès de vous ?…

Clemenceau, qui n’en ratait pas une et qui venait, le matin même, de recevoir une boite de cigarettes, de répliquer :

— C’est mon alter-mégot.

N’empêche qu’il en fit un sénateur. À l’aide de quelle méthode spéciale ? Nous allons le voir.


IV

Le grand Congrès des républicains varois tenu, ainsi que je l’ai dit, dans ce petit village du Luc qu’on appelait alors la « Mecque rouge », avait décidé de combattre activement Clemenceau et sa politique. Or il n’existait pas d’exemple que le Congrès s’étant prononcé, les électeurs n’eussent suivi. D’autant qu’il s’agissait du suffrage restreint et que les congressistes, venus de tous les coins du département,