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attendre, le numéro s’enleva, la vente atteignit des proportions inespérées. Tout le monde voulait savoir ce que le nouveau Blanqui, revenu au soleil, allait dire.

Mais quelle déception et quelles mines indignées ! Ce que j’avais prévu se produisit. La plupart des confrères exprimèrent leur dégoût. De nombreux lecteurs protestèrent avec véhémence.

Hervé, lui, était déjà loin, et plutôt déprimé. J’ai déjà dit que lorsqu’il revint à Paris, il ne se souvenait que fort vaguement des derniers incidents. Il se mit à feuilleter la collection du journal, et quand la manchette, l’inoubliable manchette lui tomba sous le regard, il tiqua :

— Vous êtes allé un peu fort, dit-il.

Puis il eut son haussement d’épaules ordinaire et n’y songea plus.

C’est ainsi qu’après avoir planté le drapeau dans le fumier et crié : À bas la République ! Hervé devint quelque chose comme le rival ou l’émule de Cambronne.

Il ne protesta pas plus contre cette nouvelle et fâcheuse plaisanterie que contre les autres. Il en avait déjà assez sur le dos. Une histoire de plus ou de moins !

Et puis, il commençait à « évoluer » et rêvait de changer sa tactique. Déjà, en prison, il nous avait sorti de singulières théories. L’homme qui venait de formuler la doctrine de l’antipatriotisme et qui s’écriait : « Pas un centimètre carré de notre peau pour la défense de la Patrie bourgeoise », allait, maintenant,