Page:Méric - À travers la jungle politique littéraire, 1930.djvu/205

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le lendemain matin, il se précipitait, à la première heure, sur ses vêtements qui gisaient pêle-mêle à terre et se coulait dedans. Jamais un coup de brosse. Le col du veston était poudrerizé de poussière et de pellicules. À telle enseigne qu’Almereyda le surnommait dans les coins : Silvio Pelliculo. Mais ce calembour avait déjà servi pour Drumont et quelques autres. Hervé, je crois, a toujours ignoré ce détail.

Il cultivait, du reste, lui aussi, le calembour et l’à-peu-près. Mais de quelle façon naïve et maladroite ! Et quand il tenait un mot, il ne le lâchait pas. Il nous l’aurait servi plutôt cent fois qu’une, sans paraître s’apercevoir que c’était autour de lui une vaste rigolade.

L’art du calembour tel que le pratiquait Hervé était simple, facile, à la portée de tous. Par exemple, il avait trouvé : Méric… Agricole. Pendant des années, il ne m’a jamais appelé qu’ainsi Agricole. Eugène Merle était devenu la Merluche. Quant à Almereyda, je n’ai jamais pu savoir pourquoi ni comment il était surnommé le Nègre.

Plus tard, il y eut de Marmande qui devint collaborateur de la Guerre Sociale. En raison de sa particule, Hervé le baptisa le Ci-devant. Mais, comme à cette époque, de Marmande était très lié avec l’avocat Jacques Bonzon et qu’on les voyait fréquemment ensemble, celui-ci suivant celui-là, nous avions ajouté à l’adresse de l’avocat : le Ci-derrière.

Cependant, les meilleurs de ses calembours, Gustave Hervé nous les sortait à table, dans la petite cellule qui nous servait de salle à manger. Il y avait