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Mais il y avait cet excellent Bracke, héritier et défenseur de la sainte doctrine guesdiste. C’est un homme têtu. Il ne voulait pactiser, en aucune manière, avec les radicaux. Volontiers, il se serait écrié, Médée ou à peu près : « Nous seuls et c’est assez ! » C’était peu pourtant. Et les électeurs nous le firent bien voir.

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Me voilà donc candidat sur la liste socialiste-marxiste, sans la moindre tache de cartellisme, alors que, dans tous les autres secteurs, on avait accepté de former une coalition des forces de gauche. Je flairais la défaite. Je disais à Bracke : « Vous verrez… nous n’aurons même pas le quotient. » Là-dessus, Mayéras, désabusé et rigolant dans sa barbe, appuyait. Mais allez faire entendre raison à cet entêté de Bracke. « Périsse son siège, plutôt que les principes ! » N’empêche que si nous avions fait bloc avec la liste Painlevé, nous étions tous élus, au premier tour, contre le Bloc National et le communisme. Et qui sait si ça n’aurait pas modifié bien des choses, par la suite, dans le cours des petits événements parlementaires et gouvernementaux ?

Je dois rappeler qu’à ce moment-là, j’étais la bête noire des communistes. Je leur taillais, ma foi, des croupières hebdomadaires dans L’Égalité, avec une fureur dont on ne peut avoir idée. Ces messieurs me rendaient les coups au centuple. Ils ne dédaignaient point la calomnie et le mensonge. Au contraire.