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pressés et insatiables y trouvaient de larges profits. Les médiocres, rongés de la lèpre de l’envie, y prenaient de sourdes revanches. Le prolétariat conscient et encellulé ne soupçonne pas le moins du monde l’étrange combinaison chimique, le déconcertant amalgame d’appétits grossiers, de rivalités sournoises, de querelles et d’avidités que constitue l’état-major du communisme français.

Tel avocat qui use de la politique pour ses affaires et sa publicité rémunératrice y cueille un siège obstinément refusé à sa stupidité congénitale ou à son éloquence trempée dans la mélasse. Tel gendelettre avorté, gonflé de borborygmes malodorants, y puise du réconfort et l’illusion d’exister. Tel prolétaire doué de bagout et en rupture d’atelier, y rencontre sécurité, considération, adulation. Sans compter les vieux politiciens fourbus qui se refont une virginité. Tout ce monde-là vit de Moscou ou par Moscou, attentif seulement à emprunter la bonne route, à naviguer adroitement parmi les compétitions et les bagarres. Car le moindre faux pas, la plus légère déviation suffisent pour se voir précipité du Capitole.

Depuis que j’ai, dans une révolte de dégoût, déserté cette caverne, les événements se sont précipités. Disputes sur disputes. Les uns après les autres, les purs d’entre les purs ont fait place à de plus purs qui les ont vigoureusement épurés. Les équipes de renégats se sont succédé. C’est un phénomène sans précédent que cette consommation de militants « réprouvés » dans le communisme. Celui qui aboyait naguère