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son nom : on l’appelait, je crois, Jacquemont — arrivait en tête, suivi d’assez près par le nôtre, Badina. La bataille se poursuivit. Socialistes et radicaux nous offrirent leur concours. Au second tour, le « marin », comme on disait, était élu avec vingt voix de majorité. Oui, mais…

Mais un candidat super-nationaliste s’était présenté au dernier moment, qui avait enlevé une quarantaine de voix à l’adversaire. Y eut-il là une adroite manœuvre de la dernière heure ? Les ennemis disaient : oui. Pour ma part, aujourd’hui, je ne dirai pas non.

Et quel chahut, le soir de l’élection ! Cortège dans la rue d’Alésia. Charge de police. Tout le quartier en révolution. Ce triomphe de Badina, que nul ne connaissait trois semaines avant, à la Santé, constituait un événement sans précédent.

Naturellement, l’élection fut cassée, Badina étant déclaré inéligible. Alors ce fut le grand jeu. On représenta le marin de la mer Noire. Cette fois, nous eûmes contre nous le citoyen Montillot qui, affirmait-on, pouvait devenir dangereux.

Mais le citoyen Montillot avait le tort de ne pas savoir exactement se situer et se fixer dans ses opinions politiques. On apprit qu’il avait déjà été battu, sur la rive droite, comme candidat radical, alors qu’il se présentait, sur la rive gauche, comme bloc-nationaliste. Cela nous suffit. Les plaisanteries reprirent, Montillot devint le candidat du radicalisme nationalo-socialiste. On fit exécuter une énorme affiche illustrée sur laquelle on pouvait reconnaître