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s’était épuisé à vouloir le persuader. De guerre lasse, il le mit dans les mains du capitaine Treint. Le capitaine n’est pas un mauvais homme, mais il vous a de ces façons… de comique qui s’ignore. Il adopta un ton solennel et demanda à Gassier :

— Alors ?… Vous partez ?

— Je pars, fit le dessinateur.

Le capitaine leva ses deux bras vers le plafond :

— Que va dire la classe ouvrière ?

À ces mots, Gassier fut secoué d’un tel rire énorme que le capitaine, désemparé, n’osa insister.

Pendant ce temps, Marcel Cachin était encore dans son bureau et Amédée Dunois s’efforçait de me convaincre. À la fin, à bout d’arguments, je conclus :

— Non. Je ne puis rester alors que les autres s’en vont… C’est une question de propreté et de dignité.

Dunois sursauta sur sa chaise et, la voix cinglante, riposta :

— La dignité ? Ce n’est pas un mot communiste.

Il me demanda encore :

— Mais enfin, qu’est-ce que je vais répondre à Moscou ?

— Tu lui répondras… Et je lâchai le mot de Cambronne.

Sur quoi je me dirigeai vers le bureau de Cachin. Le malheureux était là, affalé, les yeux vagues, perdu… Je lui posai la question, brutalement :

— Eh bien ! Tu es content ?

Il se dressa. Ses pieds se mirent à battre la mesure. Et, la voix sourde, sanglotante, il s’exclama :