Page:Méric - À travers la jungle politique littéraire, 1930.djvu/169

Cette page a été validée par deux contributeurs.

la gigue avec fureur. Il accompagne sa déclamation d’un piétinement continu et rythmé. Ce que ses interventions à la tribune doivent lui coûter de paires de souliers !

Ceci ne veut pas dire qu’il parle comme un pied. Cachin est, au contraire, un orateur vibrant et passionné, un des rares tribuns du Parti communiste. Mais il joue trop de ses appendices inférieurs. Extrémiste, il use et abuse de ses extrémités. Sa mimique s’apparente au charleston.

Laissez-moi insister sur Cachin. Dans le privé, lorsqu’il s’agit de graves discussions, il se révèle le même qu’en public. Il prend sa voix des grands jours, lève les yeux au plafond ou regarde droit devant lui, dans le vide (car Marcel Cachin ne vous fixe jamais), et ses pieds se mettent à battre la mesure. Et il a, alors, des formules définitives… capitales :

— Je lève l’étendard de la révolte !

— Je soulève le couvercle moscovite !

— Je libère ma conscience de classe !

Après quoi, il vous laisse royalement « tomber ».

On ne le croirait pas à le voir et à l’entendre. Il donne l’impression d’un énergique et d’un têtu, avec son visage de gendarme réformé zébré d’une moustache impérieuse et ses grands coups de clairon. En réalité, c’est un pusillanime. Impossible de tabler sur lui. Il a une faculté de se retourner qui confond. Il vous jure ses grands dieux qu’il n’abandonnera