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               Où l’âme pleutre
Dans les au-delà se calfeutre,
L’évocateur s’avère omniscient.

               Tourne la table,
               Tourne en rond,
               Sous les doigts longs…

         L’absolu s’échevèle et frappe ;
         L’abscons dénonce le zéro.
Bouquet de mots ! Symbole en grappes !
Arde le lumineux ! Brûle le rayonnant !
Du Nirvana muré émerge le vivant !

               Tourne la table,
               Sous les doigts longs…
               Tourne la table,
               Tourne en rond.

Dois-je vous l’avouer ? Ces courts poèmes d’une éblouissante clarté comme vous pouvez voir, obtenaient quelque succès. Certains discernaient très bien la mauvaise plaisanterie et prenaient des airs méprisants. Mais d’autres marchaient. On m’engageait à persister dans la « manière ». Et il m’arrivait de me frapper le front en disant :

— Moi aussi, je suis poâte !

Qui sait ? Un gros bouquin de « petits chichis » pondus entre deux demis, et je siégerais peut-être sous la Coupole. J’ai lu, depuis, tant de poèmes admirés et que je n’ai pas plus compris que les miens.

Mais laissons cela. Les poètes, après tout, sont respectables… tant qu’ils ne triomphent point. À la Chope, ils étaient fous entre les fous. Beaucoup d’entre eux ont mal tourné (ils sont devenus journalistes) ;