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Généralement, on s’exécutait. Et Tailhade aussi. Je ne connais guère qu’un directeur qui résista à de tels arguments. Ce fut Paul Meunier, à la Vérité.

Un beau jour, je cessai ma collaboration à l’Internationale. Des bruits fâcheux couraient sur l’administration. Et, d’autre part, j’étais appelé en province, pour une tournée de conférences. Je n’y pensais plus et j’avais réclamé, en vain, les deux ou trois cents francs qui m’étaient dus, lorsque ouvrant un journal, j’appris avec stupéfaction l’arrestation du sieur Rollin, compromis dans le fameux complot Tamburini.

Il fut établi que ce Rollin était de la police politique et organisateur de complots. Nous étions tombés en de jolies mains.

À mon retour à Paris, je pus revoir Tailhade, fréquemment. Ce n’était déjà plus le même homme. La maladie commençait à le harceler. Et cela, peut-être, pourra expliquer ce qu’on n’a pas craint d’appeler sa trahison, alors qu’il s’agissait simplement d’un geste irréfléchi et d’un mouvement de dépit tout spontané.

Voici les faits. Nous venions, à quelques-uns, de fonder une organisation de combat : l’Association internationale antimilitariste des Travailleurs, dont le siège était à Amsterdam, avec comme secrétaire général, le vieux militant socialiste Doméla Nieuwenhuis. Tailhade avait été bombardé membre du Comité directeur, pour la France, avec Almereyda comme secrétaire. Mais c’était une adhésion purement pour la forme. Tailhade n’assistait point à nos réunions et ignorait tout de nos décisions.