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Le père Escat lui-même se taisait un peu et le Grand Chose, souriant, dodelinait du chef. Mais, certains soirs, les controverses nous paraissaient éblouissantes. C’est qu’alors, en face de Bracke, on voyait s’asseoir le citoyen Duc-Quercy.

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Un type extraordinaire de vieux quarante-huitard que ce Duc-Quercy à la barbe farouche et aux yeux de charbon sous des corniches sourcilières menaçantes. Il avait un passé formidable. On savait que, tout jeune, il comptait parmi les rédacteurs du Cri du Peuple, de Jules Vallès. Séverine lui a consacré un chapitre dans ses Pages rouges. Car il avait eu, alors, une aventure sanglante.

À la suite d’un article anonyme, deux fonctionnaires de la police, deux frères (j’ai oublié leur nom) étaient grimpés dans les bureaux du journal décidés à se faire justice. Ils tombèrent sur Duc-Quercy qui, au premier mot de menace, saisit son revolver et abattit l’un d’eux. L’autre s’enfuit, épouvanté. Cette affaire-là, à l’époque, fit grand bruit, et quand on interrogeait Duc, plus tard, il répondait, olympien :

— Ils sont montés « deux ». Ils sont redescendus « un ».

Mais j’avais connu Duc bien avant la Chope, vers ma treizième ou quatorzième année, à Toulon. En ce temps-là, mon père était le chef reconnu du parti radical — des Rouges du département du Var —