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l’admirable écrivain des Croix de Bois et de Saint Magloire : Roland Dorgelès.


V

J’ai dit que, parmi tous ces vagabonds de la littérature, de la peinture, de la politique, qui erraient de la Seine au boulevard Saint-Germain, il y avait un petit groupe de libertaires. On se retrouvait, une fois par semaine, dans une salle de café, au premier étage, à une douzaine à peu près. On y discutait très gravement des problèmes les plus redoutables. Puis on se livrait à de dangereuses manifestations.

Par exemple, durant les périodes électorales, nous partions, la nuit, avec un pot de colle et des pinceaux, et nous allions poser sur les murs les fameuses affiches du Père Peinard. Elles représentaient un candidat, ou plutôt un élu, montrant son postérieur aux foules. Comme légende : « Je vous avais promis la lune. La voici ! » Ce n’était peut-être pas d’un goût bien délicat, mais d’un symbolisme accessible à tous.

La police, cependant, jugeait la farce détestable. Et il arrivait que quelques-uns d’entre nous finissaient leur soirée au poste. Ils en sortaient, naturellement, outrés et se répandaient en invectives contre l’infâme société.

À cette époque, l’anarchisme était très bien porté. On sortait de l’affaire Dreyfus et la plupart des jeunes gens affichaient des opinions outrancières. Il était