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Voleur, étude vigoureuse d’un milieu bizarre et mélangé. Il avait écrit également Bas les Cœurs ! un chef-d’œuvre. Ce dernier bouquin mérite qu’on s’y arrête.

Bas les Cœurs ! c’est la guerre de 1870-71, vue par un gamin de Versailles. Un gamin qui a observé, au jour le jour, les gestes de sa famille et de son entourage, noté tous les petits mensonges, toutes les faiblesses, toutes les saletés d’une bourgeoisie qui demeurait prudemment à l’abri pendant que des milliers d’infortunés allaient à la mort pour défendre le régime impérial.

Chose curieuse. En feuilletant les premières pages du roman, on se croirait transporté au mois d’août de la bienheureuse année 1914. Mêmes scènes et mêmes types. On voit défiler la cohorte des grands patriotes de l’arrière qui tendent avec fureur, vers un ennemi lointain et invisible, des poings menaçants, tout en établissant avec science et suffisance les conditions qui doivent régler la victoire. Certes, il y manque les critiques militaires, les chères badernes à la Cherfils ; il y manque aussi le joli petit mouvement de menton de Maurice Barrès et la fuite épique à Bordeaux. Chaque époque comporte ses fantaisies épisodiques. Mais, malgré tout, l’histoire se recommence. Le type du patriotard pantouflard, vantard et couard, est invariable.

Le rideau se lève. La guerre vient d’être déclarée. Toute la famille est réunie et des amis sont de la fête. Un professeur sentencieux et stupide se répand en déclamations : « Ah ! ces Pruscots ! (on ne dit pas encore les Boches) on les aura ! Nous allons franchir le Rhin, monsieur, oui, le Rhin ! et plus vite que ça ! Dans huit jours, nous sommes à Berlin ! Cela rappelle le lieutenant de La Débâcle, qui voulait reconduire les Prussiens « à coups de pied dans le c…, parfaitement ! à coups de pied dans le c… chose ! », Cela rappelle encore les beaux