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journée claire en dehors des mirages flottants — en dehors ainsi que toujours, à des feuilles d’écriture près. »

Il ajoutait : « Pâleur des paroles. C’est à peine si j’indique, rapide… Du moins pas de faux nez. Ça gêne. Au petit bonheur de naissance, privilège absurde et commode, la société capitaliste, avant les banqueroutes finales, me dispense quelque pécune. J’use des derniers assignats aux promenades qui me plaisent encore.

« Et déplaire ne me déplaît pas. »

Et voici, pour finir, cette déclaration où l’homme apparaît tel qu’il est, extrêmement, superbement et sans la moindre hypocrisie :

« … La révolution, mais on ne la fera pas exprès ! Elle résultera, fatale, implacable aussi, de vos défis, de vos maladresses, d’une situation sans issue, de la force même des choses, de leur faiblesse.

« Qu’en sortira-t-il, cher ami ? Je ne ferai pas semblant de songer à l’affranchissement, à l’émancipation d’une classe plus spécialement que d’une autre, pervertie qu’elles sont toutes par le manque de simplicité, le goût nègre des verroteries, du clinquant et des cinémas tombés dans le roman-feuilleton. Rien de très beau à espérer. Étant donné ce que sont les hommes, tous les hommes que nous connaissons, — nous compris, — il ne sied pas d’anticiper au delà du bouleversement, vengeur des mensonges d’un monde. Il s’annonce. Qui vivra verra. Vivons donc… Et le moins sottement possible… »

Pour d’Axa, la solution est trouvée. C’est le silence. Puisse-t-il en sortir un jour et reparaître, le fouet à la main. En attendant, il se tait, opiniâtre. On a beau lui dire : « Vous devriez reprendre votre plume ! » Il hausse les épaules. Il a un sourire de pitié, puis il vous désigne du doigt l’horizon qui s’écroule dans le soir :