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III

A la suite de ces joyeux incidents, et pendant une quinzaine de jours, les Jeunes Gardes tinrent le haut du pavé au Quartier Latin. Ils descendaient, par petits paquets, tous les soirs, explorant le boulevard Saint-Michel, fouillant les établissements. De-ci, de-là, il y eut quelques rencontres, notamment devant les affiches. Mais rien de bien saillant. Ces messieurs les camelots ne se montraient point.

Puis la lassitude vint. Les Jeunes Gardes cessèrent de descendre sur la rive gauche. Le Quartier reprit, peu à peu, son aspect ordinaire. De nouveau, la jeunesse royaliste s’installa, maîtresse, un peu partout. Je dois ajouter que nos adversaires avaient mis le temps à profit. Ils s’étaient organisés, et supérieurement, sous la conduite de chefs audacieux. De ce nombre, Plateau, dont j’ai déjà eu l’occasion de parler et qui devait finir sous les balles de Germaine Berton. Quoi qu’on puisse penser de cet homme et de son rôle de policier à l’Action Française, il faut bien reconnaître que c’était un chef. Une brute, certes, mais un entraîneur et qui payait, volontiers, de sa personne.

Je ne saurais conter par le menu toutes les petites bagarres qui fleurirent, à cette douce époque, au Quartier. Il se passait peu de semaines sans quelque rencontre. Des groupes se jetaient les uns contre les autres et s’administraient de superbes volées. Mais, en l’absence des Jeunes Gardes, les camelots du Roi étaient redevenus les plus forts et les mieux disciplinés.

Il y eut des soirées, cependant, où les révolutionnaires se remirent dans le jeu. Mais la police veillait. Un soir, ces messieurs de la Royale Camelote avaient organisé une grande réunion publique, rigoureusement privée. Car on