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patiemment, et, à l’heure même où Jaurès devenait le plus indispensable au pays, il abat lâchement cette magnifique intelligence. Nous sommes en plein dans le « sérieux des actes ». Après ça, les Maurras, les Daudet, les Pujo aux grands pieds, se frappent la poitrine. Ils disent comme l’autre : « Nous n’avions pas voulu cela ! » Tartufes !

Ajoutez à la prose pâteuse de Maurras, les injures prodiguées par le Bouffon du Roy durant des mois et des mois. Les fesses de Jaurès ! Jaurès botté ! Jaurès Mes-Bottes ! Herr Jaurès ! Jaurès du Clan des Ya ! etc., etc.

Et essayez de mesurer la responsabilité de ces faisans journalistiques qui, d’ailleurs, persévèrent et continuent à multiplier leurs appels à la violence et au meurtre.

Laissons cela. Négligeons même ces basses injures dont les paladins du Roy s’efforcent de salir la mémoire du tribun. Entre eux et lui, la cause est jugée. Mais l’historien ne devra pas négliger de ramasser les phrases de Maurras et les facéties sanglantes de Daudet. Cela lui permettra de discerner les causes de l’assassinat et de situer exactement les responsabilités.

Je voudrais, pour terminer, étudier Jaurès historien de la Révolution française (il y faudrait des pages et des pages), car je crois que c’est là qu’on peut saisir le mieux sa pensée et, d’après les jugements qu’il porte sur les hommes et les faits, dégager l’attitude qu’il aurait adoptée au cours de la guerre et devant la Révolution russe.

L’Histoire socialiste de la Révolution est un indestructible monument. Jaurès a puisé à des sources nouvelles ; il s’est documenté directement, en lisant avec attention les journaux populaires de l’époque, en particulier ceux de Jean-Paul Marat, L’Ami du Peuple, qu’il a ainsi découvert comme il le confiait en riant. Et il restitue à ce grand calomnié sa véritable physionomie. L’homme de