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socialiste. Mais Maurras crut bon de supprimer les mots « contre le socialisme ». Il ne restait plus que la « haute trahison ». Trahison concernant la France, évidemment. On voit le procédé, inspiré des plus pures méthodes jésuitiques.

Maurras poursuivait :

« Le Temps dénonce, blâme, censure et flétrit l’alliance des radicaux avec M. Jaurès (comme on voit, rien de changé, rien de nouveau sous le soleil), considéré comme ennemi public. C’est encore fort bien écrit. Mais que fera Le Temps ? S’abstiendra-t-il d’échanger des idées avec M. Jaurès, de confabuler avec lui comme avec un Français naturel et normal, et de lui proposer, le cas échéant, son alliance en bonne forme sur la proportionnelle avec quotient par exemple ?

« Oh ! si M. Guesde et Le Temps continuent à frayer comme par le passé avec l’homme qu’ils s’accordent à considérer comme un traître, nous n’en concevons ni surprise, ni colère, ni mépris, ni même pitié. Nous nous contenterons de montrer la chose au public, de le prier de regarder, de réfléchir et de conclure… »

On a conclu. Dans ce public, auquel s’adressait Maurras, il y avait un malheureux échappé de jésuitière qui a réfléchi… et qui a agi.

Continuons à nous régaler de la prose maurrassienne :

« Chacun le sait, Jaurès, c’est l’Allemagne… Et quand Jaurès est nommé membre de la Commission de l’Armée ou qu’il entre dans la Commission mixte, chargée d’enquêter sur l’État-Major général et sur les bureaux de la Guerre, il ne se trouve même pas des hommes de sang français pour le conspuer comme il le mérite.

« Mœurs ignobles. Mœurs parricides. Je veux dire