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La dernière fois que je rencontrai Sembat, ce fut, après des années écoulées, une rencontre toute fortuite. J’étais avec Daniel Renoult, rue des Écoles. Sembat passait. Il vint vers nous, radieux, nous tendit les mains. Il nous confia sa joie, une joie d’enfant. Autant que je puis me souvenir, il s’agissait de son neveu qui venait de passer brillamment ses examens.

— Je crois qu’il est reçu, nous dit Sembat.

Il ajouta :

— Je vais vous dire comme Clemenceau. Je suis content, très content.

Il nous quitta en riant. Quelques jours après, j’appris sa mort.

Avec Marcel Sembat, c’était un grand et charmant honnête homme, un militant ardent et convaincu, un érudit fin et spirituel qui s’en allait. C’était une force que perdait le parti socialiste.

Pauvre Sembat ! Je puis bien le dire aujourd’hui. Bien des vieux s’en sont allés. Les rangs se sont sensiblement éclaircis, mais aucune disparition ne m’a aussi profondément affecté.