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Christ. Obstinément elle a suggéré à ses ouailles que celui qui va contre le Tsar va contre Dieu.

Pendant longtemps ce plan a réussi et maintenant encore beaucoup haïssent la révolution comme une œuvre impie, ce qui, en fait, est souvent exact.

Le mot « Dieu » ne se trouve pas sur les drapeaux des partis libérateurs. Mais si la « foi » est du côté de l’Eglise, les « œuvres » sont avec les « impies » qui, par le sacrifice de leur vie à la cause de la liberté dont ils ne pourront pas jouir, font preuve d’un véritable sentiment religieux et montrent ainsi l’intensité de ce sentiment chez le peuple. Pour ne point le voir il faudrait être aveugle.

De concert avec l’autocratie, l’Eglise a maudit toute la culture, toutes les choses saintes produites par l’humanité au prix d’une lutte pénible et de chaque instant. Voulant tuer Dieu dans la culture et dans l’histoire, elle n’a arrêté ni la culture, ni la révolution, mais pour beaucoup, peut-être, elle a tué le divin que la révolution portait en soi. Et nous le répétons, c’est là son plus grand péché, qu’elle partage d’ailleurs avec le catholicisme.

Mais les esprits religieux ne doivent pas se désespérer : s’il existe indépendamment de l’Histoire, au-dessus d’elle, une Vérité absolue, elle ne peut pas périr. Et si une impiété passagère est nécessaire