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pourrons évaluer le poids de son contenu ; mais dès que l’investigateur approche, le second plateau s’abaisse relevant celui qui était à terre un instant auparavant. L’évaluation des forces en lutte est impossible et il semble parfois qu’il n’y a point dans la révolution russe d’idée générale directrice et qu’on assiste à un processus de décomposition totale d’un organisme empoisonnant l’atmosphère et contaminant toutes les forces vitales du pays. Cela est inexact ; l’idée générale existe ; c’est l’abolition de l’autocratie. Elle n’est négative que par la forme, mais pleine de contenu dans son essence.

Malgré toutes les complications qui peuvent survenir, bien que les libéraux soient prêts à un compromis avec la monarchie constitutionnelle, que l’autocratie désire sincèrement les réformes, que les masses orthodoxes aient les yeux tournés vers la réaction, que les partis révolutionnaires soient entièrement athées, l'idée essentielle de la révolution russe, l’abolition de l’autocratie, reste vivante, irrationnelle, religieuse. Plus les ennemis de l’autocratie sont athées, plus le fanatisme religieux les possède et les pousse à accomplir des actes héroïques. Nos libéraux, nos libres-penseurs cultivés, ne sont pas, au fond, pour la République ; ils sont prêts à compter avec le préjugé