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injuste. Pas plus que l’orthodoxie, le catholicisme n’a réussi à changer l’idéal du salut individuel et de l’ascétisme en un idéal social et religieux en même temps, niant l’Etat en tant que société fondée sur la violence.

L’orthodoxie créant et incarnant l’idéal de la vraie sainteté individuelle s’est soumise avec une particulière volupté au pouvoir laïque. Elle est tombée dans le quiétisme social et s’est bornée à bénir passivement les violences du pouvoir civil.

L’antinomie que la chrétienté n’a pu résoudre au cours de son développement historique apparaît d’une façon plus nette dans l’orthodoxie. Elle est cachée dans le catholicisme par une action sociale assez intense, mais toute superficielle, et par une forte organisation ecclésiastique. Mais si l’on approfondit l’histoire du rôle social du catholicisme, on voit que ses tentatives de créer un Etat chrétien n’ont pas eu plus de succès que celles de l’orthodoxie. Et si l’Eglise n’a point fait périr Renan sur le bûcher, de même qu’elle le fit de Giordano Bruno, c’est qu’elle ne l'a pas pu, non qu’elle ne l’a pas voulu. Jusqu’à présent les papes n’admettent point l’unité italienne et pour le démontrer ne quittent pas le Vatican. Mais si l’impossible arrivait, si le pape recouvrait une autorité laï