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Dieu terrestre dont l’essence ne peut se distinguer de celle d’un César païen divin. Si, en fait, et de même que le pape, le patriarche n’a aucun pouvoir laïque réel, il n’en sera pas moins comme idée l’incarnation permanente du principe de l’absolutisme.

Le César-Pape cédera la place à un Pape-César. Le principe social de l’orthodoxie, de la fausse théocratie, ne pouvant s’appliquer qu’à l’aide d’un tsar terrestre et divinisé, demeure toujours intangible.

Antoine, évêque de Wolhynie qui, comme Jean de Cronstadt, exprime de la façon la plus nette, l’idéal social de l’orthodoxie disait : « Depuis mon enfance j’ai toujours aimé à questionner les meilleurs fidèles de l’orthodoxie, ceux qui regardent comme un devoir sacré d’approcher de la sainte grotte et de se prosterner devant le tombeau de notre Seigneur. Disant avec un attendrissement profond le baiser qu’ils ont donné à la source de notre résurrection et les yeux noyés de vraies larmes, ces fidèles parlaient avec une extase égale (sic) de celui qu’ils ont eu l’honneur de contempler, des bénédictions qu’ils ont reçues et des entretiens qu’ils eurent avec celui sur lequel est imprimé la gloire de Dieu et qui d’après la parole d’un ancien interprète des canons [1] représente

  1. Voici comment un des anciens interprètes des canons, Théodore Balsomon, expliquait au XIIe siècle le pouvoir de l’empereur : « Au XIXe ch. des Antiquités de Joseph Flavius se trouve la signature impériale suivante : « Tibère Claude, Germanicus, évêque suprême, consul, investi, pour la seconde fois, du pouvoir des tribuns.» Et comme l’empereur régnant est aussi l’oint de Dieu grâce à l’onction qu’il reçoit à son sacre et que le Christ notre Dieu est aussi un évêque, l’empereur est orné des qualités d’un évêque. » [Ad. can. 69, conc. Trull. I. Cité par le professeur Ostrooumoff. V. les protocoles des séances de la commission établie pour l’élaboration des questions soumises à l’examen du Concile. « Tserkovnya wiedom ». 1906, N. 22, p. 1820.]