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très aimé de ses camarades et il veillerait saintement sur l’honneur de l’uniforme. Il ne ferait point une carrière brillante à cause de son incapacité. Ses « jours » seraient probablement hospitaliers et ennuyeux, de même que les solennités et réjouissances de sa cour se distinguent avant tout par le manque de goût, caractéristique d’un petit bourgeois.

Mais ce petit officier modeste et sans volonté occupe le trône des empereurs russes. Sur l’homme créé pour vivre comme tous, sont accumulées les plus grandes obligations et une effrayante responsabilité. Au milieu des pompes solennelles dans la cathédrale de l’Assomption, ce lieu sacro-saint de la terre russe, Nicolas II, à la fois fils croyant et chef de l’Eglise, a posé sur sa tête la couronne et comme tsar-pontife se fit lui-même communier à l’autel en y entrant par la porte sainte. Il y prêta serment de veiller sur l’orthodoxie et l’absolutisme.

Par cet acte il s’imposait le sacerdoce et l’empire, le pouvoir religieux et le pouvoir civil. Comme individu, Nicolas II est profondément innocent ; comme empereur c’est une véritables malédiction pour la Russie, surtout parce qu’étant très religieux, parfait orthodoxe, il comprend fort bien que toute concession à l’esprit d