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humaine, un Messie : c’est le tsar autocrate, auquel les prélats de l’église orthodoxe peuvent écrire comme à Pierre le Grand : « Tu es notre Christ incarné »...

Tant que vivra dans le peuple cette idée de l’autocrate, il ne pourra vraiment se développer et transformer radicalement la conscience qu’il a de lui-même. Quant à la preuve que cette idée est vivante, elle nous est donnée par le fait même de l’existence du tsarisme. Les plus simples, les plus lumineuses idées socialistes ne pourront entrer dans l’âme et la chair du peuple, tant que cette âme ne sera pas délivrée du mensonge qui la remplit. Mais si le peuple comprenait toute la profondeur du mensonge antichrétien du tsarisme, il s’en débarrasserait tout de suite. Un peuple assez fort pour créer un tel mensonge est assez fort pour le détruire.

Le révolutionnaire bien connu, Jacques Stéphanovitch, put, en se servant de faux documents impériaux, soulever des milliers d’hommes et, par une tromperie, obtenir des paysans un serment.

Quand l’affaire fut dévoilée, les paysans entrèrent en une fureur sans pareille et ne pardonnèrent jamais à celui qui les avait trompés de les avoir amenés à commettre un mensonge sacrilège. Le peuple russe sent et hait à un degré surprenant