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d’amoindrir l’homme ; les socialistes vraiment conscients n’acceptent pas de cette façon l’idée socialiste ; ils la considèrent comme importante et même primordiale, mais la mettent pourtant à sa place ; aux questions dernières, ils répondent simplement : « nous ne savons pas » et s’interdisent délibérément de discuter sur le côté « céleste » de la vérité humaine.

L’important ici est l’impossibilité d’opposer à l’idée du tsarisme l’idée socialiste, bien que celle-ci soit sainte, vraie et juste et que celle-là soit digne d’être maudite. L’idée socialiste n’est qu’une moitié de vérité, celle du tsarisme est bien un mensonge, mais un mensonge complet. C’est ce dernier caractère qui fait la séduction de cette idée et la rend dangereuse : la force du tsarisme est faite de la perfection de son mensonge. A l’asservissement de tous on ne peut qu’opposer la liberté absolue extérieure et intérieure de tout le monde et de chacun. Si donc la force du tsarisme est dans son idée, il faut lutter contre lui avec une idée aussi puissante et aussi large. Car, même après la réalisation du socialisme, l’humanité pourra toujours revenir au mensonge dans sa plénitude, dans sa perfection qui séduit. En donnant aux hommes un paradis où ils auront la terre sous leurs pieds et au-dessus de leurs têtes,