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Déjà l’idée purement impérialiste, césarienne, napoléonienne, quand elle atteint son complet développement, a pour point de mire le monde. Napoléon n’aurait pas été Napoléon, si ses rêves n’étaient allés jusqu’à l’Empire du monde. Le César atteignant par l’impérialisme le sacerdoce, comme un couronnement nécessaire de sa puissance, ne serait pas logique s’il ne rêvait au royaume de l’univers. Inversement le Pape, avant tout prêtre, tend vers le pouvoir temporel et virtuellement il est maître du monde.

Bien plus fort et plus universel encore est, dans son principe, le tsarisme, puissance absolue d’un seul, puissance également céleste et terrestre, puissance sur l’esprit et sur le corps, sur l’homme entier. Cette universelle puissance accordée à un homme entre tous et qui n’est effectivement reconnue que sur son peuple à lui, semble bien, dans son principe, valoir pour la domination de toute l’humanité. Cet homme unique, placé au-dessus de tous les autres, n’est plus un homme, mais un Homme-Dieu.

La définition que je donne de l’idée du tsarisme peut sembler exagérée, si on la compare aux faits et aux formes qu’il a pris dans l’histoire jusqu’à ce jour. Mais l’histoire n’est pas achevée et le débat sur la question de savoir si les idées sont subordonnées