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plier le verre, il faut le briser ; on ne peut limiter l’autocratie, il faut l’abolir.

Jusqu’à présent le mouvement révolutionnaire en Russie n’est actif et conscient que dans la couche très mince de la classe des intellectuels ; mais dans la profondeur du peuple il est obscur et élémentaire. Les masses populaires ne vont pas autant vers la révolution, qu’elles n’y tombent, entraînées par leur pesanteur selon la loi de l’inertie.

Mais quand l’enveloppe politique sera détruite et que le noyau mystique de l’autocratie sera mis à nu, alors se posera cette question à la conscience religieuse du peuple : qu’est-ce donc que l’autocratie en tant qu’onction du Seigneur — une vérité ou un mensonge, une sainteté ou un sacrilège ? — Le dernier jugement sur l’autocratie sera le dernier jugement sur l’orthodoxie.

Actuellement les chefs de la révolution russe ne peuvent répondre au peuple sur cette question religieuse. Pour eux la révolution est hors de la religion. Ils disent : pas de Dita9 avec autant de légèreté que : pas de tsar. Mais le peuple prendra-t-il un parti aussi légèrement et reniera-t-il Dieu pour renier le tsar ?

Tant qu’il restera dans l’Eglise orthodoxe, le peuple ne peut comprendre que le tsar ne vient pas de Dieu et que l’autocratie, le royaume du Dieu-