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individus, ils se montrèrent meilleurs que ne le pensait la société séculière. Cette dernière aussi alla vers eux, le cœur ouvert. Ils auraient dû ne pas répondre et seulement écouter les questions qu’on leur adressait ; ils auraient dû chercher les réponses avec leurs interlocuteurs : l’union se serait alors faite, les enfants seraient retournés à leur mère.

Mais la ligne de démarcation des deux camps était plus profonde qu’il n’avait paru d’abord. Entre eux et nous se creusa un abîme sur lequel il était impossible de jeter un pont. Il fallait voler par-dessus ; mais ni chez nous, ni chez eux n’avaient encore poussé d’ailes. Nous creusâmes les uns vers les autres des tunnels qui pouvaient nous rapprocher, mais non pas nous faire rencontrer, car nous creusions dans deux plans différents. Pour que l’Eglise répondît, il aurait fallu plus qu’une réforme, mais une révolution ; plus qu’une nouvelle interprétation, mais une nouvelle révélation ; non pas la suite du Second Testament, mais le commencement du Troisième ; non pas le retour au Christ du Premier, mais l’élan vers le Christ du Second Avènement.

Il s’ensuivit un malentendu sans issue. Selon son ancienne habitude, l’Eglise voyait en nous, les séculiers, des incrédules qu’il fallait « ramener