Page:Mérejkowsky, Hippius, Philosophoff - Le Tsar et la Révolution, 1907.djvu/225

Cette page n’a pas encore été corrigée

XII

Il vint une fois chez Tolstoï un jeune inconnu. Pendant un long entretien sur les thèmes ordinaires de ces sortes de visites — sur la religion, Dieu, l’Evangile — Tolstoï, grand connaisseur du peuple, prit cet homme pour un sectaire paysan. Or c’était un poète, Alexandre Dobrolioubow Vingt ans auparavant il était encore collégien, presque un enfant, mais déjà décadent en paroles et en actions, imitateur de Baudelaire et de Poe, empoisonné par tous les venins des paradis artificiels. Puis tout à coup il changea de vie, « fit pénitence», abandonna tout, s’enfuit dans le peuple comme ces collégiens qui, après avoir lu Mayne-Reid ou Cooper, s’enfuient en Amérique ; mais ces derniers reviennent, tandis que lui disparut pour toujours. Il courut sur lui des bruits qui ressemblaient à des légendes ; ils étaient vrais pourtant, mais