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le Christ ? — lui demanda-t-on un jour après une longue dispute, vaine comme toujours.

— Comment ne comprenez-vous pas ? — chuchota Rosanov, en se penchant à l’oreille de son interlocuteur et en regardant craintivement de tous côtés. — Il ne faut pas parler de cela... le Christ... mais c’est Lucifer... Seigneur, pardonne mon péché I..

Et il commença à. faire hâtivement de petits signes de croix rapides, tout comme dans une cérémonie religieuse de famille lorsque le vieux pope à cheveux blancs élève la Vierge dans ses mains, et Vassili Vassiliévitch, par une vieille habitude populaire, pour recevoir la bénédiction suprême se courbe jusqu’au sol, comme s’il allait passer sous l’icône en se mettant à quatre pattes.

Mais la véritable raison pour laquelle Rosanov ne fait pas cette déduction, ne provient pas de sa timidité, mais de quelque chose de plus profond et de plus religieux. Il sent que s’il fait cette déduction, il se perdra à l’instant, glissera non dans la folie comme Nietzsche, mais dans le bon sens, la platitude banale, le lieu commun, l’ennui, ce terrible ennui métaphysique décrit par Dostoiewski.

Rosanov — niant le Christ — ne vit, ne respire, ne se meut que par cette négation. Il veut le fuir,