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ur se refroidira ; et c’est dans l’Apocalypse qu’apparaît devant le trône de l’Agneau, une mer de verre. Il semble à Rosanov que la prophétie s’accomplit : le monde se fige dans cette « mer de verre », dans cet amour évangélique terrible, abstrait et froid comme de la glace.

La doctrine du Christ est-elle donc altérée par les hommes ? — Non, répond Rosanov, il ne faut pas que la faute du coupable retombe sur la tête de l’innocent. La santé et la bonté de la nature humaine empêchent les hommes de se perdre ainsi qu’il adviendrait fatalement, s’ils suivaient le Christ. Le christianisme n’est admissible qu’autant qu’il s’écarte du Christ. En ce sens, affirme Rosanov, le prêtre est meilleur que l’Eglise, l’Eglise — que le christianisme, le christianisme — que l’Evangile, et l’Evangile — que le Christ.

Bienheureux celui qui n'est pas séduit par Moi. — L’humanité devait se laisser séduire par le charme de cet Etre unique que le monde entier ne vaut pas, et une fois séduite lui donna tout ce qu’elle avait, se mit à haïr sa propre âme jusqu’à la mort et dans la mort même chanta l’hymne an doux Jésus, Il est si doux certes, qu’en comparaison de cette douceur tout ce qui est de ce monde ne semble qu’amertume. La résurrection du Christ, c’est la mort du monde. Se livrer au Christ, c’est renoncer au