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Pour mettre en évidence combien le christianisme n’accepte que l’apparence idéale et non la réalité du sexe, Rosanov suppose qu’un couple de nouveaux mariés après la célébration du sacrement est resté dans l’église. Il y a passé sa première nuit et accompli ce qui est béni par les mots : Deux sont devenus une seule chair — un seul sang, là où s’est accompli le mystère de la Chair et du Sang. Horreur des horreurs, abomination des abominations ! On ne peut faire une pareille supposition et même y penser sans commettre un sacrilège, sans se représenter un sabbat satanique, une messe noire. La Semence, la plus haute sainteté de l’ancien Testament, devient dans le christianisme la plus grande obscénité.

Ainsi sous les mots se cache une antinomie irréductible entre les sentiments religieux primordiaux et entre les premières préceptions de l’Essence Divine dans les deux Testaments.

Mais si le sexe est le point le plus brûlant, l’affirmation la plus réelle et en même temps la plus mystique de tout être en Dieu, alors la négation du sexe est par contre la plus réelle, la plus mystique négation de tout être — du Monde, de la Terre, de la Chair : Mon royaume n’est pas de ce monde. — N’aimez pas le monde, ni ce qui est dans le monde, car tout y est lubricité de la chair, lubricité