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croix attira à lui le monde. Il semble même que Rosanov ne puisse résister à ce charme et qu’il va tomber aux pieds du Christ en s’écriant : Seigneur, mon Dieu !

— Ecoutez donc, Vassili Vassiliévitch, lui diton après quelques-unes de ses furieuses attaques contre le Christ, lesquelles auraient pu paraître des blasphèmes sur d’autres lèvres (Rosanov ne blasphème jamais). — Si vous aviez vu devant vous le Christ vivant vous n’auriez pas osé le regarder en face ?

— Je l’aurais osé, je le jure ! Je lui aurais dit en face ce que je vous dis, s’écria-t-il avec une telle force dans ces mots que son interlocuteur pensa : Qui sait ? il l’aurait fait...

— Je sais, avoua une fois Rosanov dans une conversation très intime, je sais que Dieu m’aimera toujours et ne m’abandonnera jamais, quand bien même j’aurais beaucoup péché et quoi que je fasse...

— Pourquoi donc Dieu vous aime-t-il tant ?

— Parce que je suis un homme simple et bon.

— Et pourtant vous n’aimez pas le Christ ?

— Je ne l’aime pas.

— Pourquoi ?

— Surtout parce qu’il ne me semble ni simpl