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Soloviev, valeurs qui se trouvent par delà le bien et le mal humain.

Cette idée de l’Homme-Dieu rapproche infiniment Soloviev de Nietzsche, par Dostoiewski auquel l’un et l’autre viennent se rattacher de deux côtés opposés, l’un de l’extrême droite, l’autre de l’extrême gauche. C’est en vain que Soloviev réplique à la nouvelle religion de Nietzsche par l’ancienne morale. Il n’est pas possible de réfuter une religion quelconque par une morale : ce sont deux ordre incommensurables. La principale question, du reste, n’est pas dans la justification ou la condamnation du bien, mais dans la justification ou la condamnation de Dieu — dans deux théodicées opposées. Nietzsche maudit le Dieu que Soloviev bénit. D’où vient cette divergence entre deux expériences religieuses, également profondes et sincères ? — voilà une question qui certainement ne vint pas à l’esprit de Soloviev. Trop légèrement et même étourdiment il crut réfuter Nietzsche. Celui-ci pouvait lui répondre : c’est un misérable bien, celui qui a besoin de justification — mon bien à moi, ma noblesse, ma valeur la plus haute, mon Surhomme — ne se justifie pas, mais justifie. D’une façon plus profonde et plus subtile que dans cette longue œuvre, Soloviev attaqua Nietzsche dans un article intitulé Le Surhomme, qui parut