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cette transfiguration doit finir par un bouleversement extérieur subit, une révolution, car le suprême triomphe de l’Eglise, Royaume de Dieu sur la terre, provoquera la destruction finale de l’Etat, du royaume d’abord humain, seulement humain, puis humain et divin à la fois, Royaume du Dieu-Homme.

« L’Eglise ne peut se réunir à l’Etat dans un compromis même temporaire. Là, il ne peut y avoir d’accommodement, » conclut le vieillard Zosima.

Cela signifie que le combat final entre l’Eglise et l’Etat doit être sans merci — mortel pour l’Etat, car la puissance de l’Eglise est l’absolue négation de l’Etat.

Dostoiewski acheva le tour complet de son développement : il commença par la révolution politique et finit par la révolution religieuse.

Pourquoi emprisonna-t-on à Schlusselbourg Novikoff qui n’avait fait que penser au Royaume de Dieu ? — pourquoi pendit-on les Dékabristes qui, les premiers, allèrent jusqu’à dire : Il y aura pour tous un seul Roi sur la terre et aux deux, le Christ ? — pourquoi considéra-t-on comme fou Tchaadaev qui répéta toute sa vie : Que ton règne arrive ? — pourquoi Gogol se perdit-il, en fuyant le royaume mort des âmes mortes ?— la r