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forteresse de Schlusselbourg, eut le temps d’y réfléchir.

Il avait tout à fait raison et Catherine entièrement tort. Mais celle qui avait tort, malgré tout avait raison. Avec le flair génial de la toute-puissance, elle sentit le lien dangereux de la révolution religieuse avec la révolution politique. Quelques années après l’affaire de Novikoff, à la lecture d’un livre de Radistchev accusant l’autocratie d’être une absurdité politique, Catherine s’écria : « C’est un martiniste ! » — Son erreur cette fois fut contraire à celle qu’elle avait commise dans le jugement contre Novikoff. Radistchev était un révolutionnaire athée. ; Novikoff — un loyal sujet et un mystique. Mais aux yeux de l’autocratie, le mysticisme niant « le Dieu russe » et la révolution niant le tsar russe sont une même religion contraire à celle de l’autocratie orthodoxe.

Cette unité intérieure du mouvement religieux et révolutionnaire en Russie, le petit-fils de Catherine II, l’empereur Alexandre I la rendit plus visible encore par l’exemple de sa propre personnalité.

Le beau début des « jours d’Alexandre » fut l’âge d’or du mysticisme et du libéralisme russe. Comme en l’éblouissement rapide de l’éclair apparut devant la Russie la sainteté