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de la personnalité depuis la Renaissance, c’est-à-dire l’affranchissement du joug de l’Eglise, la sécularisation de l’Europe catholique féodale.

Le catholicisme romain essaya de réaliser la synthèse de la culture européenne. Cet essai ne réussit pas. — La culture fut plus large que le christianisme. La Summa Théologiae, l’ancien ciel du catholicisme, ne couvrit pas la terre nouvelle. L’élargissement du cercle terrestre brisa le cercle céleste — l’horizon immobile tracé par la dogmatique chrétienne. Le ciel devint pour l’humanité ce qu’est la pierre du tombeau pour le mort ressuscité. La sécularisation, l’affranchissement du royaume terrestre par sa séparation du douteux royaume de Dieu — de la douteuse théocratie papale de Rome, est l’effort de la grande terre pour rejeter un ciel trop petit. Ou être écrasé sous lui, ou le briser — l’humanité n’avait pas d’autre choix.

La dernière conséquence de la Révolution française est la séparation de l’Eglise et de l’Etat qui a lieu en France aujourd’hui. C’est un de ces événements dont la grandeur ne peut être comprise que de loin : il faut sortir des montagnes pour se rendre compte de leur hauteur.

La séparation de l’Eglise et de l’Etat ouvre dans l’histoire universelle un abîme aussi p