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toutes les révolutions. La dernière, la plus profonde base de cette forteresse n’est pas seulement sociale-politique, mais aussi religieuse.

La monarchie, le gouvernement d’un seul, reflète dans ses formes extérieures la nécessité religieuse de l’âme humaine, la conception de l’Unité Divine — le monothéisme : un seul tsar sur la terre, comme un seul Dieu dans le ciel. La monarchie humaine est le symbole de la monarchie divine — de la Théocratie.

On peut, certes, douter de la finalité mystique et de l’éternité de ce symbole, car la révélation de l'Unité Divine n’est pas la dernière révélation religieuse de l’Homme-Dieu : la révélation de la Trinité est plus profonde que celle de l’Unité.

Mais en tout cas, si ce n’est au point de vue mystique, tout au moins au point de vue historique, si ce n’est pour l’avenir, tout au moins pour le passé, la révolution russe, la destruction de l’autocratie russe, a un sens religieux.

Pour comprendre cette idée, il faut regarder la révolution russe comme un des actes et peut-être le dernier de la tragédie universelle de l’affranchissement de l’humanité. Le premier acte de cette tragédie sera alors la grande Révolution française. Celle-ci a continué dans le domaine extérieur politique ce qui a été commencé dans le domaine intérieur