Page:Mérejkowsky, Hippius, Philosophoff - Le Tsar et la Révolution, 1907.djvu/128

Cette page n’a pas encore été corrigée

qu’à ce coup l'âme populaire ne frissonnât point et ne se réveillât pas définitivement. Ce coup lui était précisément porté, c’était une violence exercée sur l’esprit du peuple, et l’injure de cette duperie ne sera jamais pardonnée.

Le tsar Nicolas II, autocrate absorbé par l’autocratie, est comme homme enclin à la bonne rêvasserie désordonnée, aux miracles spirites et orthodoxes. Il voudrait probablement que tout se transformât en demeurant tel quel. Il serait content si les choses s’arrangeaient. Ce n’est pas un méchant homme, mais il est faible et sans volonté. Il est tel qu’il le faut pour pouvoir être totalement englouti par le tsarisme, par l’idée tsariste, au moment de sa dernière lutte avec l’idée qui s’avance sur elle. L’homme peut encore renoncer à son principe, mais le principe ne peut renoncer à soi-même sans cesser d’exister réellement. Le Tsar, même autocrate, peut renoncer à la couronne et l’homme restera. Mais l’autocratie ne peut se renier. Elle ne peut que disparaître avec l’ombre de celui dont elle a fait depuis longtemps son symbole. N’avons-nous pas déjà autrefois entendu un chuchotement, puis maintenant un cri : « Il n’y a plus de tsar » ! Il n’y a plus de tsar, mais le nom reste : «  quelque chose  » qui pèse et détruit tous pour le nom de l’un. La folie, la violence