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ieusement sa liberté, sa force, son pouvoir, sur le fait qu’elle est unique, promet de donner de par son pouvoir la « liberté de la personnalité » à tous les autres. Et avec cela elle demeure elle-même unique et exclusive.

Au moment de la peur, dans le délire, l’autocratie pouvait le dire, mais le faire elle ne le peut pas, car c’est impossible.

Chez Dostoiewski, le vieillard Karamazoff, méchant et rusé, bavarde ainsi à propos d’un miracle : « Est-il vrai qu’on croie qu’un martyr après avoir été décapité ait pris sa tête dans ses mains et lui ait donné une accolade affable ? » Je crois qu’il est peu probable de trouver des gens capables, non pas de croire, mais de se représenter même le miracle. L’intervention de forces surnaturelles serait aussi nécessaire pour l’accomplissement des promesses autocrates que pour celui de l’accolade du martyr.

Et pourtant les promesses ont été faites non seulement sans qu’il fût question du miracle nécessaire, mais, au contraire, en négligeant par un silence pudique d’énoncer les bases immuables de l’autocratie, bases religieuses. Le manifeste nettement laïque. tentait d’apaiser par une déclaration purement verbale les « impies » révoltés ; il n’obligeait en rien la véritable autocratie.