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savons-nous ? Plus l’homme s’est dévoué à l’action, plus il a honte de parler de ce qu’il regarde comme une faiblesse, comme une « nervosité ».

Quoi qu’il en soit, tous ceux qui ont derrière eux un meurtre qu’ils n’ont point expié par leur propre sang, sentent dans une certaine mesure le lourd fardeau de pierre de cette croix. Mais indépendamment de la force avec laquelle ils la sentent, ils portent cette croix, car ils croient à la justice de leur cause. Leur cause est vraiment juste et à un tel point, que s’ils ne l’accomplissaient pas, s’ils ne soulevaient pas le fardeau de pierre ou de mort, mais s’arrêtaient et se soumettaient, c’est alors qu’ils n’auraient pu trouver aucune justification ni sur la terre, ni dans le ciel.

En glissant le long d’une pente imperceptible, de ces gens plus conscients vers ceux qui le sont de moins en moins, jusqu’aux « révolutionnaires » d’aujourd’hui, meurtriers stupides et occasionnels, incendiaires, voleurs et spoliateurs, dont nous parlons plus haut, comment établirons-nous une séparation d’avec ceux qui, placés dans la même zone, se trouvent incomparablement plus haut ?

Bien entendu, partout, dans toute société, on trouve des éléments décomposés, mais ce ne sont que des points isolés tant que vit l’âme une et